 | Originaire du quartier de Stonebridge, Lysandre n'a jamais rien connu d'autre que la pauvreté. Dès sa plus tendre enfance, il grandit dans les rues sous les ailes protectrices de son grand frère alors âgé de sept ans. Ce dernier lui apprit à lire, à écrire et à se défendre dans ce monde de brute, tout en essayant de le tenir éloigné de le cannabis et de l'alcool. Après tout, le trafic de substances illicites semblait être un bon moyen de subvenir à leur besoin, mais Liam s'y opposa jusqu'à ce qu'ils trouvent refuge à Fort Harker. D'ailleurs, si Liam se trouvait être un jeune garçon au langage soutenu, Lysandre lui restait un jeune plus ou moins vulgaire sans trop de manière.
La drogue, la violence et les injures ont toujours fait partis de son quotidien et c'est probablement Liam qui, par on ne savait quel miracle, avait réussi à le garder en vie. Trop jeune pour comprendre, ce n'est qu'à l'âge de sept ans lorsque son aîné revint couvert de sang qu'il comprit la misère dans laquelle ils vivaient. Pour un enfant, tant que notre repère est présent, tout va bien dans le meilleur des mondes. Et son repère à lui, c'était Liam. Lorsqu'il manqua de le perdre dans cette bagarre de rue, il comprit son importance.
Sans lui, il serait probablement mort à l'heure actuelle. Alors, dès qu'il le put, il l'aida au mieux. Voler dans les étalages, mendier pour un peu d'argent en se servant de sa gueule d'ange, jouer au pickpocket dans les avenues touristiques.. Malheureusement pour eux, leur situation était plus que courante dans ce genre de quartier et, se battre pour survivre devint vite une nécessité.
Liam tenta un million de choses pour rendre son existence un peu moins rude. Contrairement à beaucoup de gamins de son âge, Lysandre eut la « chance » d'avoir un toit au dessus de la tête. Un vieux garage laissé à l'abandon pour lequel lui et son aîné se s'amochaient constamment. Bien souvent, ils ne dormaient que d'un œil. Combien de fois avaient-ils manqué de se faire tuer par un SDF ? Lysandre en avait perdu le compte.
Puis, lorsqu'il eut quatorze ans, son monde plus que bancal s'effondra. S'il n'avait accès aux journaux et à la télévision, Lysandre restait néanmoins au courant de l'actualité. Et le nom McCalister, un chercheur du Colorado, fit parler de lui. Bien vite, ce fut hors de contrôle et Lysandre perdit son sourire et sa joie de vivre.
[size=13]À dix-huit ans, il embarqua clandestinement à bord d'un bateau aux côtés de son frère pour sauver sa peau, il regagna l'Amérique. Si déjà il ne s'était jamais senti en sécurité dans les rues de Londres, aujourd'hui c'était pire que tout. [/size]
Pour arriver à bon port, Lysandre suivit le mensonge de son frère. Leurs parents étaient décédés du virus et ils étaient deux élèves dans une des écoles les plus réputées d'Angleterre. Si son frère était pourvu d'une capacité intellectuelle à tout épreuve dû à une très courte éducation de leurs parents, ce n'était pas son cas. Si bien qu'il du se faire passer pour un adolescent traumatisé, incapable d'ouvrir la bouche depuis qu'il avait vu sa mère se relever après des heures à pleurer sa mort. Pour se faire, Levaï s'occupa de lui, une fois de plus. Il vola dans les caissons, leur procurant des vêtements propres et des objets ayant plus ou moins de valeurs, les rendant ainsi un peu plus crédibles aux yeux du capitaine.
Arrivé à Fort Harker, lui et Liam furent séparés. Il hurla, frappa, supplia qu'on lui rende sa seule et unique famille, si bien qu'on le fit taire. Déboussolé et plus seul que jamais il fut placé à l’écart tout comme tous les enfants de son âge. Trois semaines dans l'isolement le plus total où il n'eut aucunes nouvelles de son grand frère.
Lorsqu'il fut autorisé à sortir il s'empressa de rejoindre Liam, refusant catégoriquement de le quitter. Mais la vie sembla être contre lui. Si effectivement il put rester à ses côtés, son aîné rejoignit le rang des intellectuels tandis que lui, trop jeune et pas assez doué pour le suivre, fut recalé.
Puis un jour, son frère se fit tué. On le lui annonça du but au blanc, sans se soucier du mal qu'il pouvait ressentir. Après tout, perdre des proches était leur quotidien à tous. Alors quelle était la différence entre un enfant presque adulte et un trentenaire ? Aucune.
Ce fut difficile de se détacher de la dépendance affective dans laquelle il s'était embourbé depuis son plus jeune âge, mais de par la dureté par laquelle il fut frappé, il n'eut pas le choix. Âgé de dix-neuf ans, il rejoint maintenant les vadrouilleurs, vivant comme son frère aurait aimé qu'il vive. Il n'a plus d'attache, il n'en cherche pas d'ailleurs. Son seul et unique but est de protéger les plus jeunes, les plus frêles, comme il aurait aimé que l'on protège son aîné. |
